lire nouvelle de science-fiction Robert Silverberg

« Homecoming Horde » est une courte nouvelle de science-fiction et d’horreur, écrite par Robert Silverberg et publiée à l’origine dans le numéro d’août 1958 du magazine Imagination, consacré ce mois-là à la science-fiction et abordant comme thématique scientifique le voyage vers la lune. Une illustration accompagne alors la nouvelle, mais le dessinateur ne semble pas crédité. À ce moment de sa carrière, Silverberg a déjà publié un roman pour la jeunesse, gagné un prix Hugo du « meilleur jeune auteur », et s’est mis à écrire tous azimuts pour des magazines, en collaboration avec son voisin Randall Garrett et sous divers pseudonymes : en 1958, Silverberg aurait ainsi publié plus de quatre-vingt récits… « Homecoming Horde » fait donc partie de cette foule de textes à chute qui ciblaient, surtout, un lectorat adolescent.
J’en propose une traduction personnelle, suivie d’un bref commentaire et du texte original en anglais (États-Unis).
Quelques corrections et modifications pourront encore avoir lieu.

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Une radio dans le film Si tous les gars du monde, de Christian-Jaque, 1956, dans lequel des radioamateurs transgressent les règles du rideau de fer…

Le retour de la horde

La pièce était barricadée aussi hermétiquement que possible. Haverford l’avait examinée, à la recherche de fissures, s’était assuré que les fenêtres étaient calfeutrées, et à présent il montait une garde constante. Il était seul. Il ne pouvait pas savoir quand les envahisseurs extraterrestres feraient irruption.
Je dois pratiquement être le dernier, se dit-il. C’était étrange, cette impression d’être seul sur terre. Mais c’était sans doute vrai.
Les extraterrestres étaient arrivés six jours auparavant. Harverford se souvenait avoir reçu leur ultimatum sur sa station radioamateur :

TERRIENS, LES LANTHAII ARRIVENT. PRENEZ GARDE !

Voilà tout – un avertissement sinistre, plutôt qu’une menace ou un ordre. La manière dont le message avait été formulé laissait peu de doute quant au fait qu’ils étaient des conquérants venus de l’espace.
Haverford avait été amusé, au début. Reclus solitaire, il avait peu affaire à ses semblables, du moins pas en personne. La coûteuse station radio qui occupait près d’un tiers de son appartement une pièce était son unique moyen d’échanger. Par la radio il gardait contact avec des « amis » à Yokohama et à Buenos Aires, au Texas et dans l’Oregon, tout en ne quittant vraiment les limites de sa chambre qu’à intervalles de plus en plus rares.
Il avait, naturellement, reçu les messages des Lanthaii sur sa station. Il n’y avait pas un radioamateur au monde qui ne les avait pas détectés. C’est à ce moment-là qu’il avait commencé à saisir qu’il ne s’agissait pas d’une blague.
Des comptes-rendus affluaient. Dazo Osaki, le contact japonais, rapportait avoir entendu l’étrange message ; Lionel Bentham du Sussex l’avait reçu également, de même que Miguel Bartirone à Buenos Aires. TERRIENS, LES LANTHAII SONT EN APPROCHE. PRENEZ GARDE ! Quelqu’un – cela ne faisait aucun doute – diffusait le message à la Terre entière depuis l’extérieur.
Puis les Lanthaii étaient arrivés.
Haverford, parcourant nerveusement sa chambre, se souvint du jour de leur atterrissage. Il parlait avec Bentham, l’Anglais, un type au débit traînant, flegmatique.
« …donc j’ai l’intention d’écrire à mon représentant au Parlement, t’sais, et de lui demander de soutenir la mesure. Ce sera un grand bienfait pour les radioamateurs si – Mon Dieu ! Qu’est-ce que c’est que ça ! Qu’est-ce que c’est que ça ?« 
Haverford avait fixé le transmetteur, stupéfié, tandis que la voix de Bentham était remplacée par le crissement d’interférences, puis par d’autres sons qu’il ne comprenait pas, suivis d’un bref et net déclic, puis –
Du silence.
« Bentham ! Bentham ! »
Silence.
Ça avait été le début. Les Lanthaii avaient bel et bien atterri. Les envahisseurs extraterrestres étaient en train d’anéantir le monde.
Haverford eut les détails en écoutant les informations. Ils étaient venus dans des vaisseaux argentés, par centaines. Par milliers.
« Tu aurais dû voir ça, dit Bartirone, qui parlait anglais avec un accent. Partout au-dessus de Buenos Aires, en plein milieu de la journée – tout à coup, le ciel était obstrué. Des vaisseaux. Des vaisseaux d’argent. Ils avaient l’air petits. Ils ont commencé à atterrir.
– Est-ce que toi-même tu as vu les envahisseurs ?
– Non. Non, pas encore. Ils ne sont pas encore arrivés aussi loin à l’ouest de la ville. Mais– »
La voix de l’Argentin s’interrompit. Haverford continua d’écouter, hagard, sachant exactement, malgré lui, ce qui s’était passé. Les envahisseurs étaient arrivés.
Il se leva, parcourut sa chambre du regard. Il avait assez de nourriture dans le congélateur et sur les étagères pour tenir des mois. Haverford était un homme frugal ; en achetant en quantité, il économisait un argent précieux qui servait à améliorer la station radio.
Il décida de se terrer chez lui – de rester séquestré du monde extérieur, d’attendre. Peut-être que les envahisseurs seraient repoussés ; peut-être que la Terre tomberait. Mais il serait sauf. Il ne serait pas tué au cours de la guerre de conquête.
Il s’assura qu’il n’y avait aucun moyen de pénétrer dans sa chambre. Au moment où il s’apprêtait à clouer soigneusement le verrou qui gardait la porte close, il entendit frapper.
Trois coups brefs. Haverford bondit sur le verrou, le repoussa, s’inclina anxieusement contre la porte.
« Qui est-ce ? demanda-t-il.
– Madame Kelley », fut-il répondu.
Il faillit s’évanouir de soulagement. Il s’était attendu aux extraterrestres – et il s’agissait seulement de la propriétaire. Prudemment, il ouvrit grand la porte.
« Oui ?
– Est-ce que vous en avez entendu parler, M. Haverford ? De l’invasion extraterrestre, je veux dire ?
– Oui, je sais. Eh bien ?
– Je me suis juste dit que je vous en parlerais, répondit-elle en haussant les épaules. Je sais que vous ne sortez pas beaucoup et que vous ne lisez pas les journaux, et je me suis dit, peut-être –
– J’ai entendu à la radio, fit-il d’un ton rude. Y-a-t-il autre chose que je peux faire pour vous ?
– Non – pas du tout.
– Alors très bien. Si qui que ce soit vient me voir, vous pourrez dire que je ne veux pas de visiteurs.
– Bien, M. Haverford. »
Elle disparut dans l’obscurité du couloir. Haverford claqua la porte, remit le verrou, le garnit consciencieusement de clous. Pour autant que le monde était concerné, il pouvait tout aussi bien être mort.
Il entreprit de se confiner tout à fait.
Deux jours passèrent – deux jours durant lesquels peu à peu, un par un, ses contacts ici et là autour du globe furent réduits au silence. Bentham avait disparu le premier, puis Bartirone. Ses deux amis japonais avaient disparu aussi, à présent ; l’Orient avait été submergé par les envahisseurs. L’Amérique du Sud aussi.
Des rumeurs arrivaient des divers états, au sujet de l’avancée des extraterrestres. New York était entre les mains des Lanthaii, et plus aucune information n’était diffusée de là-bas. Les représentants des Nations Unies s’étaient enfuis vers une ville indéterminée, et continuaient de parler – de discuter de la situation, sans nul doute, pensait Haverford avec amertume.
Mais parler ne servirait à rien. Bientôt le monde entier tomberait entre des mains extraterrestres et il n’y aurait aucun moyen de les arrêter.
Le Texas tomba. L’Oregon. De façon évidente, les extraterrestres progressaient vers le centre de l’Amérique du Nord : jusqu’ici Chicago n’avait pas rapporté d’attaques, mais l’armée américaine dans les états de la côte avait été mise en déroute.
Haverford mangeait ses provisions surgelées avec parcimonie, et passait de longues heures près de la radio.
Un par un ses contacts était éliminé. Il parcourait de haut en bas les listes de son annuaire d’indicatifs, se mettait à appeler des gens qu’il n’avait contactés depuis des années, s’efforçant juste d’entendre encore des voix humaines.
« Allez, W3XFA. Réponds, W3XFA. »
Aucune réponse. Absolument aucune.
Les extraterrestres s’étaient emparés de l’intégralité de l’Asie, de la majeure partie de l’Europe ; il obtint une brève réponse de Belgique le troisième jour, mais resta incapable de détecter la fréquence une heure après. Un ouvrier sous terre, dans un pays du rideau de fer, l’appela une après-midi – puis disparut. Les maraudeurs venus de l’espace recouvraient le monde.
Haverford regarda sa carte. Ils progressaient dans un anneau toujours plus étroit. Bientôt, ils atteindraient Chicago. Alors la résistance de sa forteresse improvisée serait cruellement mise à l’épreuve.
Au quatrième jour, il ne lui resta plus qu’un seul contact – un homme dans le nord de l’Illinois, un radioamateur situé dans une banlieue de Chicago.
« T’es là, Haverford ?
– Je suis là. Qu’est-ce que tu entends ?
– Rien. Les extraterrestres sont partout. Je peux les apercevoir de ma fenêtre, qui grouillent dans les rues. Ils ont gagné, c’est sûr. L’humanité est vaincue.
– Tu peux les voir, hein ? Ça doit être un spectacle affreux. » La fenêtre de Haverford, quant à elle, donnait sur l’arrière.
« Ça l’est. Il doit y avoir des millions de ces monstres hideux, et pas un être humain en vue. Haverford, qui aurait jamais cru qu’on en arriverait là ?
– Personne. Personne n’en a même jamais rêvé.
– Ils doivent se reproduire à une allure extraordinaire s’ils peuvent envoyer une force d’invasion de cette taille. Imagine ça, Haverford – une marée vivante de Lanthaii qui se déversent de leur monde d’origine, recouvrant l’univers entier et–
« Oui ? Je t’écoute, dit Haverford.
– Quelque chose à ma porte. C’est eux, Haverford ! C’est eux ! »
La station se tut. Haverford la contempla d’un œil terne pendant un moment, puis l’éteignit. Il n’y avait plus personne à qui parler. Il était seul.
Il était le dernier survivant. Sauf s’il y avait quelqu’un d’autre, quelque part, tapi dans un sous-sol de gratte-ciel, ou caché dans un épais champ de maïs–
Mais les Lanthaii étaient des tueurs méthodiques. Ils avaient pour projet d’exterminer la race humaine, et–
Haverford se raidit. Quel était ce bruit, grattement, raclement, qui provenait du vestibule ? Ça vibrait comme–
Il savait de quoi il s’agissait. Les Lanthaii arrivaient. Ils se débarrassaient des traînards, maintenant, les quelques-uns comme Haverford qui étaient restés en vie. Ils débarrassaient la terre de toute trace de vie, pour la dépouiller et l’apprêter à leur goût.
Le raclage à l’entrée se fit plus bruyant. Le verrou se distendit ; les gonds se mirent à béer. Haverford observait froidement, comprenant qu’il n’avait pas assez bien fait le travail. Ils allaient pouvoir traverser.
Une ligne sombre apparut bien au centre de la porte. Elle commença à se fendre. Elle céda.
Haverford se tourna fiévreusement vers sa station, pour envoyer un appel au secours désespéré. Mais bien sûr personne ne l’entendit, personne ne répondit. Il était seul, et il le savait. Mis à part eux.
Il se retourna d’un coup pour leur faire face, pour tomber combattant. Il les considéra avec horreur – des insectes – énormes, hideux, et d’ailleurs. Ils approchèrent. Il recula jusqu’au mur. Et au dernier moment, alors que le temps semblait suspendu, il se rendit compte d’un détail insignifiant, dérisoire, d’une ironie tragique, cependant. Une mouche bourdonnait autour de sa tête. Une mouche terrestre. Une créature pitoyable, un détail – un insecte.
La mouche se posa sur le sol, à quelques centimètres devant lui, rampa lentement vers la horde extraterrestre qui se déversait par la porte. Et les extraterrestres rompirent les rangs, passèrent autour de la mouche, d’une façon presque respectueuse, se dit-il. Ou était-ce d’une façon paternelle ?…
Puis, ils l’atteignirent.

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Le Jugement dernier, détail de la peinture de Jérôme Bosch, datée d’après 1482.

Note sur le titre « Homecoming Horde »

Le titre « Homecoming Horde » pose quelques difficultés de traduction. « Homecoming », c’est revenir au foyer, on pourrait traduire : la horde revenue, la horde rentrée chez elle, la horde de retour… J’ai fait le choix d’une traduction qui me paraît claire et explicite. On notera que ce titre apporte un éclairage ambigu à la chute de la nouvelle : cette horde extraterrestre serait en fait de retour sur terre, afin de sauver ses enfants, les mouches, de l’humanité…

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Le numéro d’Imagination dans lequel a été publié la nouvelle.

Le magazine Imagination : la fin d’une époque

Cette nouvelle de Silverberg semble avoir été oubliée un certain temps, puisqu’elle est tombée dans le domaine public aux États-Unis, avant d’être retrouvée par le projet Gutenberg (voir ici). Les archives du magazine Imagination sont par ailleurs accessibles en suivant ce lien.
C’est probablement dû à la disparition du magazine Imagination, alors dirigé par William Hamling, en octobre 1958 : le magazine en effet n’avait jamais été parmi les plus populaires du genre et était considéré comme trop superficiel, orienté vers des récits juvéniles et alors à la mode, comme le space opera, mais il constituait une source de revenus comme une autre pour les auteurs, tels Ray Bradbury.
Or le marché de la science-fiction était en train de se tarir. Hamling allait d’ailleurs se consacrer par la suite au magazine Rogue, un concurrent à Playboy, dans lequel allait aussi publier Silverberg, mais aussi Fritz Leiber, Richard Matheson, Fredric Brown… pour n’en citer que quelques-uns.
La nouvelle peut donc être considérée comme assez typique de cette période pour Silverberg, qui produit à la chaîne et se soucie moins, toutes proportions gardées, de qualité que de quantité (il avait une maison à payer !).

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Le monstre du film The Fly de 1958.

Le radiomateur, la guerre froide et la mouche

La nouvelle utilise les termes « ham set », « ham » étant un adjectif d’abord péjoratif utilisé pour dénigrer des opérateurs télégraphistes incompétents, au début du XXème siècle. Par extension, « ham » servit à dénigrer, toujours de façon péjorative, des radioamateurs. Mais dès 1917, le mot semble avoir été approprié par ces mêmes radioamateurs qui en font par la suite un compliment.
Dans les années 1950, quand Silverberg écrit sa nouvelle, donc, la radio amateur est un moyen de communiquer avec le monde entier, à une époque pré-internet, alors que les appels téléphoniques internationaux coûtent cher. Les radioamateurs bénéficient aussi d’une bonne image issue de la Seconde Guerre mondiale, où ils ont rendu quelques services. D’après Ronald R. Thomas, ancien radioamateur et officier électrotechnicien de l’Air Force, de nombreux foyers possédaient des radios qui captaient les ondes courtes, ce qui leur permettait d’écouter les échanges entre radioamateurs.
Devenir radioamateur impliquait d’obtenir une licence approuvée par la Federal Communications Commission, après avoir passé un examen écrit et des tests de Morse. Une licence était également requise, à partir du milieu des années 1950, pour avoir le droit d’utiliser des fréquences pour parler.
Dans l’ensemble, les conversations des radioamateurs étaient restreintes à certains sujets : équipement radio, loisirs, météo… Mais aucun sujet à controverse, ni politique ni religion. On pourra donc s’étonner sur ce point que l’Anglais Bentham évoque son parlement avec Haverford, même s’il s’agit de lois pour la radioamateur !
À la fin des années 1950, toujours selon Ronald R. Thomas, la figure du radioamateur n’est plus aussi glamour, et ce n’est pas pour rien que Silverberg fait de son personnage un reclus, un marginal.
Le thème de la guerre froide, suggéré sans être développé, renvoie aussi au fantasme fréquent de la science-fiction de l' »ennemi extérieur » (extraterrestre) qui permettrait d’unir enfin l’humanité. Alan Moore s’en souviendra par exemple dans son comics Watchmen, pour le plan d’Ozymandias, là aussi dans le contexte de la guerre froide. Les Lanthaii de la nouvelle se comportent, au fond, comme une catastrophe inéluctable qui n’est pas sans rappeler l’apocalypse nucléaire, thème incontournable de la guerre froide, les humains vivant dans des recoins isolés survivant plus longtemps avant de succomber à leur tour.
Mais qu’en est-il des Lanthaii ? On pourra songer que la nouvelle de science fiction et d’horreur The Fly (La Mouche) de George Langelaan a été publiée en juin 1957 dans Playboy, et a suscité un intérêt tel qu’elle est adaptée dans la foulée par la Fox pour le cinéma. Le film sort en juillet 1958 et se fait remarquer ! Si les critiques sont alors mitigées, le film est un gros succès commercial, qui contribue aux carrières des acteurs David Hedison et Patricia Owens, et surtout de Vincent Price, figure incontournable des films de Roger Corman, entre autres ! Cette Mouche est aujourd’hui considérée comme un classique du genre, qui a donné une autre adaptation culte : celle de Cronenberg en 1986, avec Geena Davis et Jeff Goldblum !
En somme, les mouches ont la cote en 1958 : qui plus est, l’histoire de Langelaan finit mal pour la mouche. Silverberg, dans sa nouvelle, inverse les rapports de force, sur fond de conquête extraterrestre, tout en mobilisant l’imaginaire visuel récent des mouches géantes, qu’il se garde de décrire !

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Jeff Goldblum dans The Fly de 1986.

Homecoming Horde

The room was sealed as tightly as possible. Haverford had checked it for cracks, made sure the windows were caulked, and now kept constant guard. He was alone. He could never tell when the alien invaders would break through.
I must be nearly the last, he thought. It was strange, this feeling of being alone on Earth. But it was probably true.
The aliens had come six days before. Haverford remembered picking up their ultimatum on his ham set:—

EARTHMEN, THE LANTHAII ARE COMING. BEWARE!

That was all it had been—an ominous warning, rather than a threat or an order. The way the message had been worded left little doubt that they were conquerors—conquerors from space.
Haverford had been amused, at first. A solitary recluse, he had little dealings with his fellow men, at least not in person. The costly ham set that occupied nearly a third of his one-room flat was his sole contact. Through radio he kept in regular touch with « friends » in Yokohama and Buenos Aires, Texas and Oregon, while actually leaving the confines of his own room at increasingly rare intervals.
He had, naturally, picked up the Lanthaii messages on his set. There wasn’t an amateur operator in the world that hadn’t detected them. That was when he began to feel it wasn’t a joke.
Reports came in. Dazo Osaki, the Japanese contact, reported hearing the strange message; Lionel Bentham in Sussex picked it up also, as did Miguel Bartirone in Buenos Aires. EARTHMEN, THE LANTHAII ARE COMING. BEWARE! Someone—there was no doubt of it—was beaming the message at the entire Earth from outside.
And then the Lanthaii had come.
Haverford, pacing his room nervously, remembered the day of their landing. He had been talking to Bentham, the Englishman, a slow-speaking, phlegmatic sort.
« —so I mean to write to my man in Parliament, y’know, and ask him to plump for the legislation. It’ll be a great boon for ham operators if—Lord! What’s that! What’s that?« 
Haverford had stared at the transmitter in shocked surprise as Bentham’s voice was replaced with the screeching of static, then some other sounds he did not understand, followed by a quick, sharp, repulsive clicking, and—
Silence.
« Bentham! Bentham! »
Silence.
That had been the beginning. The Lanthaii had landed, all right. The alien invaders were sweeping the world.
Haverford got the details from a news broadcast. They had come in silvery ships, hundreds of them. Thousands.
« You should have seen it, » Bartirone told him, speaking in his accented English. « All over Buenos Aires, in midday—suddenly, the sky was blotted out. Ships. Silvery ships. They seemed small. They started to land. »
« Have you seen the invaders yourself? »
« No. Not yet. They haven’t come this far west in the city yet. But— »
The Argentinan’s voice stopped. Haverford listened numbly, knowing despite himself exactly what had happened. The invaders had come.
He rose, looked around his room. He had enough food in the freezer and on the shelves to last for months. Haverford was a frugal man; by buying in quantity, he saved precious cash that was used for augmenting the radio set.
He decided to hide in his home—to seal it from the outside world, to wait. Perhaps the invaders would be driven back; perhaps Earth would fall. But he would be safe. He would not be killed in the war of conquest.
He made sure there was no way his room could be entered. Just as he was about to nail fast the bolt that held the door shut, he heard knocking.
Three sharp knocks. Haverford leaped for the bolt, drove it home, hung tensely against the door.
« Who is it? » he asked.
« Mrs. Kelley, » came the reply.
He almost fainted from relief. He had expected the aliens—and it was only the landlady. Cautiously, he threw open the door.
« Yes? »
« Have you heard, Mr. Haverford? About the invasion, I mean? »
« Yes, I’ve heard. What of it? »
« I just thought I’d tell you, » she said, shrugging. « I know you don’t go out much or read the papers, and I thought maybe—
« I’ve heard over the radio, » he told her stiffly. « Is there anything else I can do for you? »
« No—not at all. »
« Very well, then. If anyone comes to see me, you can tell them I’m not looking for visitors. »
« Yes, Mr. Haverford. »
She disappeared into the darkness of the corridor. Haverford slammed the door, shot the bolt home, nailed it fast. So far as the outside world was concerned, he was as good as dead.
He set to work sealing himself in.
Two days passed—two days in which gradually, one by one, his contacts here and there over the globe were silenced. Bentham had gone first, then Bartirone. His two Japanese friends were gone now too; the Orient was overrun by the invaders. South America as well.
Word was coming from the States of alien advances. New York was in Lanthaii hands, and no broadcasts were being made from there. The United Nations delegates had fled to an unnamed city and were continuing to talk—to discuss the situation, no doubt, Haverford thought bitterly.
But talk would do no good. Soon the entire world would be in alien hands, and there would be no stopping them. None at all.
Texas went. Oregon. The aliens were obviously working their way toward the center of North America: so far Chicago had reported no alien attacks, but United States forces in the seacoast states had been driven back.
Haverford ate his frozen foods sparingly, and spent long hours at the radio.
One by one his contacts were snuffed out. He ran down the lists in his code book, calling people he hadn’t buzzed in years, just trying to hear human voices again.
« Come in, W3XFA. Come in, W3XFA. »
No answer. None at all.
The aliens held all of Asia, most of Europe; he got a brief response from Belgium on the third day, but was unable to pick up the signal an hour later. An underground worker in an Iron Curtain country called him that afternoon—and then he went. The marauders from space covered the globe.
Haverford looked at his map. They were working in an ever-tightening ring. Soon they would be in Chicago. Then the strength of his improvised fortress would be sorely tested.
By the fourth day, he was down to just one contact—a man in upper Illinois, a ham operator out of a Chicago suburb.
« You there, Haverford? »
« I’m here. What do you hear? »
« Nothing. The aliens are everywhere. I can see them from my window, swarming in the streets. They’ve won, all right. Mankind is defeated. »
« You can see them, eh? Must be a ghastly sight. » Haverford’s own window faced the back.
« It is. There must be millions of the ugly beasts, and not a human being in sight. Haverford, who ever expected it would come like this? »
« No one did. No one ever dreamed of it. »
« They must breed fantastically rapidly if they can send an invasion force of this size. Imagine it, Haverford—a living tide of Lanthaii spilling out from their home world, covering all of the universe and— »
« Yes? I hear you, » Haverford said.
« Something outside my door. It’s them, Haverford! It’s them! »
The set went dead. Haverford stared dully at it for a moment, then turned it off. There was no one else to talk to. He was alone.
He was the last survivor. Unless there was someone else, cowering in a skyscraper basement somewhere, hiding in a thick field of corn—
But the Lanthaii were methodical killers. They had set out to exterminate the human race, and—
Haverford stiffened. What was that scrabbling, scratching noise in the hall? It sounded like—
He knew what it was. The Lanthaii were coming. They were wiping out the stragglers now, the few like Haverford who had remained alive. They were wiping the Earth clean of life, leaving it bare and ready for them.
The scraping at the door grew louder. The bolt strained; the hinges started to give. Haverford watched coldly, knowing that he hadn’t done the job well enough. They were going to be able to get through.
A dark line appeared down the center of his door. It began to crack. It yielded.
Haverford turned frantically to his radio set, desperately sending out a call for help. But of course nobody heard him, nobody answered. He was alone and he knew it. Except for them.
He wheeled to face them, to go down fighting. He looked in horror at them—insects—huge, ugly, and alien. They came on. He backed to the wall. And in the last moment as time seemed to stand still he became aware of an insignificant detail, laughable, yet tragically ironic. A fly buzzed around his head. An earth fly. A pitiful creature, a nothing—an insect.
The fly lighted on the floor a few feet ahead of him, crawling slowly toward the alien horde pouring through the door. And the aliens broke their ranks, passing around the fly, almost respectfully, he thought. Or was it paternally?…
Then they reached him.