L’oiseau-naufrage, recueil de poèmes
L’oiseau-naufrage traverse les cieux et les imaginaires, passant des rivages écrasés de soleil des naufrageurs aux tours d’acier de l’oiseleur.
Il échappe toujours, fidèle à sa seule chanson et à l’envie de voir un peu, un tout petit peu au-delà.
Couverture du recueil. |
soleil féroce en cet hiver de l’abandon
soleil où coupe l’ombre
vienne l’oiseau-naufrage
les serres plongées dans la profondeur
sans parole ni cri
le ciel mis en morceaux
tombe d’un rebord de fenêtre
quoi même pas un adieu pour le ciel
même pas un sanglot dans le smog de Ghaziabad
mais à quoi bon l’air bleu l’azur
les serres fermées sur la gorge
soleil où coupe l’ombre
l’oiseau-naufrage en proie
à la rage de vivre
chasseur par temps de pluie
léger dans la tempête
d’élévation rapide entre les foudres
raillés par les épouvantails
les pylônes électriques de Jiangyin
grands danseurs aériens collectionneurs de plumes
combien de plumages cendreux
sous les nuages
soleil féroce en cet hiver
où meurt l’oiseau-naufrage
noyé dans la splendeur d’une minute
le mode entier dans sa prunelle
le monde entier perdu dans sa mémoire
comme un troupeau de chevaux et de rennes
il fait si froid à Oïmiakon
les avions y sont rares
mais la neige et le sang cruels
partout la nuit quel étrange silence
quelle étrange chanson