histoire de Winnie-the-Pooh

Winnie l’ourson, Coco Lapin, Jean-Christophe… tous ces noms bien connus sont indissociablement liés aux dessins animés Disney et autres produits dérivés. Mais à l’origine, ils sont issus de l’imagination de l’écrivain anglais Alan Alexander Milne, dont les œuvres, et les personnages, donc, sont entrés dans le domaine public aux États-Unis récemment, et bientôt en France… En attendant, j’invite le lecteur à jeter un œil neuf sur le petit monde de Winnie, en proposant une traduction d’une des histoires mettant en scène l’ourson et ses amis.
La nouvelle traduite ici, écrite en 1926, introduit le personnage de Rabbit (soit « Lapin », plus connu sous le nom de Coco Lapin). Elle correspond au chapitre II du livre pour enfant intitulé tout simplement Winnie-the-Pooh, illustré par E. H. Shepard, dont je reproduis trois dessins.

Attention cependant, que le lecteur ne s’étonne pas de ne pas retrouver les noms des personnages tels qu’ils sont habituellement donnés : Milne ne nomme pas son Lapin Coco, le très français Jean-Christophe est en fait Christopher Robin (d’après le nom du fils de l’auteur !), Winnie est ici surnommé le Pouh ou Nounours, pour restituer le nom d’origine Winnie-the-Pooh, et éviter d’empiéter sur une quelconque marque déposée. À noter : Pooh en anglais est une interjection qui exprime le dégoût, l’impatience… Le petit ours se montre très expressif quand il est confronté à des épreuves ! Les lecteurs les plus curieux retrouveront par ailleurs un bref commentaire et le texte anglais à la suite, mais sans ses illustrations, ce qui explique quelques bizarreries de mise en page.

Une histoire de Winnie – chez Lapin – A. A. Milne

Dans lequel
Pouh rend visite
et se retrouve à l’étroit

Édouard Nounours, connu de ses amis sous le nom de Winnie-le-Pouh, ou Pouh, pour faire court, marchait un jour dans la forêt, fredonnant tout fier pour lui-même. Il avait improvisé un petit fredon ce matin même, pendant qu’il faisait ses Exercices de Robustesse devant le miroir : Tra-la-la, tra-la-la, tandis qu’il s’étirait aussi haut qu’il en était capable, puis Tra-la-la, tra-la — oh, à l’aide ! — la, comme il s’efforçait d’atteindre ses orteils. Après le petit-déjeuner, il se l’était répété encore et encore jusqu’à le savoir par cœur, et à présent il le fredonnait tout à fait convenablement. Cela donnait ceci :
Tra-la-la, tra-la-la,
Tra-la-la, tra-la-la,

Rum-tum-tiddle-um-tum.
Tiddle-iddle, tiddle-iddle,
Tiddle-iddle, tiddle-iddle,
Rum-tum-tum-tiddle-um.

Eh bien, il se fredonnait ce fredon, et tout en se promenant gaîment il se demandait ce que faisaient tous les autres, et à quoi ça ressemblait, d’être quelqu’un d’autre, lorsqu’il parvint soudain à un talus sablonneux, dans lequel s’ouvrait un grand terrier.
« Aha ! fit Pouh. (Rum-tum-tiddle-um-tum.) Si je sais quoi que ce soit à propos de quoi que ce soit, ce terrier signifie Lapin, dit-il, et Lapin signifie Compagnie, dit-il encore, et Compagnie signifie Nourriture et Écouter-Mon-Fredon et ce genre de choses. Rum-tum-tum-tiddle-um. »
Il se pencha donc, passa la tête dans le terrier, et interrogea tout haut :
« Il y a quelqu’un ? »
Venant de l’intérieur du terrier, il y eut soudain du bruit, de l’agitation, puis le silence.
« J’ai dit, ‘Il y a quelqu’un ici ?’ répéta Pouh d’une voix très forte.
— Non ! fit une voix ; qui ajouta ensuite, vous n’aviez pas besoin de crier si fort. Je vous avais bien entendu la première fois.
— Flûte ! dit Pouh, Il n’y a donc personne ici ?
— Personne. »
Winnie-le-Pouh sortit la tête du terrier, pour réfléchir un petit moment, et il pensa : « Il doit y avoir quelqu’un ici, puisqu’il faut bien que quelqu’un ait dit ‘Personne.' » Aussi repassa-t-il la tête dans le terrier, pour dire :
« Salut, Lapin, serait-ce toi ?
— Non, répondit Lapin, avec un ton de voix différent cette fois.
— Mais ne serait-ce pas la voix de Lapin ?
— Je ne crois pas, dit Lapin. Ce n’est pas censée l’être.
— Oh ! » fit Pouh.
Il retira la tête du terrier, eut un autre moment de réflexion, puis la rentra de nouveau, et dit :
« Eh bien, auriez-vous la gentillesse de m’indiquer où se trouve Lapin ?
— Il est parti voir son ami Pouh Nounours, qui est un bon ami à lui.
— Mais c’est Moi que voici ! fit Nounours, fort surpris.
— Quelle sorte de Moi ?
— Pouh Nounours.
— Êtes-vous sûr ? insista Lapin, encore plus étonné.
— Plus, plus que certain, répondit Pouh.
— Oh, bon, entre alors. »
Alors Pouh tira et poussa et tira pour passer dans le terrier, et enfin il fut à l’intérieur.
« Tu avais raison, en effet, dit Lapin, le toisant des pieds à la tête. Te voici. Content de te voir.
— De qui pensais-tu qu’il s’agissait ?
— Eh bien, je n’étais pas sûr. Tu sais comment ça se passe dans la Forêt. Il ne faut pas laisser entrer n’importe qui chez soi. Il faut se montrer prudent. Que dirais-tu d’un en-cas ? »
Pouh appréciait toujours un petit en-cas à onze heures du matin, et il fut très satisfait de voir Lapin sortir assiettes et tasses ; et lorsque Lapin demanda : « Du miel ou du lait concentré avec ton pain ? » il en fut si excité qu’il dit : « Les deux, » puis, afin de ne pas paraître trop gourmand, il ajouta : « Mais n’apporte pas le pain, je t’en prie. » Après cela, il ne dit plus rien pendant un long moment… jusqu’à ce qu’enfin, fredonnant pour lui-même d’une voix plutôt collante, il se leva, serra affectueusement la patte de Lapin, et déclara qu’il devait s’en aller.
« Oh, vraiment ? s’enquit Lapin poliment.
— C’est-à-dire, commença Pouh, je pourrais rester un peu plus longtemps s’il y a — si tu — et il fit de son mieux pour regarder en direction du garde-manger.
— À vrai dire, répliqua Lapin, Je m’apprêtais à sortir dans l’instant.
— Oh, bon, dans ce cas, je m’en vais. Au revoir.
— Oui, au revoir, si tu es bien sûr de ne rien vouloir de plus.
— Y a-t-il encore quelque chose ? » demanda vite Pouh.
Lapin retira les couverts des plats, et répondit : « Non, il n’y avait vraiment plus rien.
— Je me le disais bien, dit Pouh, hochant la tête pour lui-même. Dans ce cas, au revoir. Je dois y aller. »
Il commença donc à grimper hors du terrier. Il tira à l’aide de ses pattes antérieures, poussa grâce à ses pattes postérieures, et bientôt son museau se trouva de nouveau dehors… puis ses oreilles puis ses pattes antérieures… puis ses épaules… et ensuite —

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« Oh, à l’aide ! s’écria Pouh. Il vaut mieux que je revienne en arrière. »
« Oh, flûte ! fit Pouh. Je vais devoir continuer à avancer. »
« Je ne peux ni l’un ni l’autre ! constata Pouh. Oh, à l’aide et flûte ! »
Or, à ce moment-là, Lapin aussi voulait se promener, et s’apercevant que la porte de devant était obstruée, il sortit par la porte de derrière, fit le tour pour rejoindre Pouh, et l’observa.
« Salut, es-tu coincé ? s’enquit-il.
— N-non, répondit impudemment Pouh. Je ne fais que me reposer, méditer et fredonner.
— Allons, donne-moi la patte. »
Pouh Nounours tendit une patte, et Lapin tira, tira et tira…
« Ouille ! s’écria Pouh. Tu me fais mal !
— C’est un fait, constata Lapin, tu es coincé.
— Tout ça est dû, fit Pouh, fâché, aux portes de devant qui ne sont pas assez grandes.
— Tout ça est dû, répliqua Lapin, sévère, au fait de beaucoup trop manger. Je n’en pensais pas moins sur le moment, insista Lapin, sauf que je ne tenais pas à suggérer, précisa-t-il, que l’un de nous mangeait trop, fit-il encore, et que je savais qu’il ne s’agissait pas de moi, révéla-t-il. Bon, eh bien, je ferais mieux de partir et d’aller chercher Christopher Robin. »
Christopher Robin vivait à l’autre bout de la Forêt, et lorsqu’il fut revenu avec Lapin, et qu’il eut vu la moitié avant de Pouh, il dit : « Ce bon vieux Nounours, quel bêta », d’une voix si affectueuse que tous se sentirent à nouveau plein d’espoir.
« Je commençais justement à me dire, fit Ours, en reniflant un peu, qu’il se pourrait que Lapin ne puisse plus jamais utiliser sa porte de devant. Et je trouverais ça bien détestable.
— Moi de même, dit Lapin.
— Utiliser sa porte de devant ? intervint Christopher Robin. Bien sûr qu’il utilisera encore sa porte de devant.
— Bien, dit Lapin.
— Si nous ne pouvons pas t’extraire, Pouh, nous devrions pouvoir te repousser à l’intérieur. »
Lapin se gratta les moustaches d’un air pensif, puis fit remarquer que, une fois Pouh repoussé, il était de nouveau là, chez lui, et bien sûr personne n’était plus heureux que lui de voir Pouh, toutefois il en était ainsi que, certains vivaient dans les arbres et d’autres sous la terre, et —
« Tu veux dire que je ne sortirais jamais ? fit Pouh.
— Si je peux me permettre, dit Lapin, quitte à être parvenu si loin, ça paraît dommage de renoncer. »
Christopher Robin opina du chef.
« Alors il n’y a qu’une seule chose à faire, affirma-t-il. Nous devons attendre que tu redeviennes mince.
— Combien de temps ça prend, de devenir mince ? demanda Pouh, anxieux.
— Une semaine environ, à mon avis.
— Mais je ne peux pas rester ici une semaine entière !
— Bien sûr que tu peux rester ici, vieux bêta de Nounours. C’est te faire sortir, qui est vraiment difficile.
— Nous te ferons la lecture, déclara gaîment Lapin. Et j’espère qu’il ne neigera pas, ajouta-t-il. Et je dois dire, mon vieil ami, que dans la mesure où tu occupes une bonne partie de ma maison — cela te dérangerait-il que j’utilise tes pattes postérieures comme porte-serviettes ? Je veux dire, puisqu’elles sont là — à ne rien faire — et que ce serait fort commode d’y suspendre les serviettes, tout simplement.
— Une semaine ! fit Pouh, sinistre. Mais, et les repas ?
— J’ai bien peur qu’il n’y ait pas de repas, dit Christopher Robin, afin de pouvoir maigrir plus vite. Mais, en effet, nous te ferons la lecture. »
L’Ours se mit à soupirer, puis s’aperçut qu’il en était incapable parce qu’il était bien trop à l’étroit ; une larme lui monta à l’œil et coula, comme il demandait :
« Alors pourriez-vous lire un Livre Copieux, susceptible d’aider et réconforter un Ours Coincé, en situation de Grande Étroitesse ? »
Pendant une semaine donc, Christopher Robin lut un livre de cette sorte à l’extrémité nord de Pouh,

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et Lapin

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suspendit son linge à l’extrémité sud… tandis qu’entre les deux, Nounours se sentait devenir plus en plus mince. Et, à la fin de la semaine, Christopher Robin déclara : « Maintenant ! »
Alors il saisit les pattes antérieures de Pouh, et Lapin s’accrocha à Christopher Robin, et tous les amis et parents de Lapin se cramponnèrent à Lapin, et tous tirèrent ensemble…
Durant un long moment, Pouh dit seulement : « Ouille ! »…
Et « Oh !« …
Enfin, tout soudainement, il fit : « Pan ! » tout comme si un bouchon sautait d’une bouteille.
Christopher Robin, Lapin, ainsi que tous les amis et parents de Lapin tombèrent en arrière, jambes par-dessus tête… et parut au-dessus d’eux Winnie-le-Pouh — libre !
Ainsi, après un hochement de tête reconnaissant à l’égard de ses amis, il poursuivit sa promenade dans la forêt, à fredonner fièrement pour lui-même. Cependant Christopher Robin le surveillait affectueusement, et pensait : « Vieux bêta de Nounours ! »

lire Winnie A. A. Milne
Fall in the Foothills, peinture (détail) de W. Herbert Dunton, 1933-1934.

Commentaire

Le pauvre Winnie (diminutif féminin de Winnipeg, en référence au nom d’une ourse du zoo de Londres où Milne se rendait avec son fils Christopher) est confronté aux conséquences d’un de ses défauts : la gloutonnerie. Comme dans un conte ou une fable, l’animal anthropomorphe subit donc une crise ou une péripétie qui peut rappeler vaguement le mythe de Procuste (dont les lits meurtrissaient les dormeurs trop grands ou trop petites) ou celui de Tantale (qui voit la nourriture lui échapper). Le passage de la forêt au terrier et inversement, l’enjeu du volume, le comportement plus ou moins loufoque des personnages n’est pas sans évoquer non plus Les Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll (le lecteur est invité à suivre le lien au sujet de ce roman et sa dimension philosophique).
Winnie, trop gourmand, ne peut ni rentrer dans le terrier, ni en sortir, tout cela sous les remarques caustiques de son ami Lapin, ce dernier se révélant à la fois le pire et le meilleur des hôtes. Les difficultés qui s’imposent aux petits animaux de Milne viennent avant tout d’eux-mêmes : ils bénéficient toutefois du recours à l’enfant Christopher, jeune garçon qui se comporte avec eux en petit parent, tel un enfant avec ses jouets qui imiterait les adultes.
Winnie et Lapin peuvent donc être farfelus, le sage Christopher proposera solutions et compromis : si l’ourson a péché (Milne semble avoir été assez croyant, et la semaine de jeûne imposé à Winnie pourrait avoir une symbolique religieuse) par gourmandise, il aura droit à une nourriture spirituelle, la lecture, mais d’un livre déterminé par sa fonction et non par son titre. Mais c’est une coopération finale entre plusieurs animaux qui libère Winnie, loin des craintes initiales de Lapin (« Tu sais comment ça se passe dans la Forêt »). Et l’ourson de reprendre comme si de rien n’était sa promenade, revenu à son état initial, mais aussi à son innocence : a-t-il appris quoi que ce soit ? Mais le lecteur du moins peut comprendre qu’il faut se méfier des excès, et qu’il y a des limites à ne pas franchir.

Winnie-the-Pooh – Chapter II – A. A. Milne

In Which
Pooh Goes Visiting
and Gets Into a Tight Place

Edward Bear, known to his friends as Winnie the-Pooh, or Pooh for short, was walking through the forest one day, humming proudly to himself. He had made up a little hum that very morning, as he was doing his Stoutness Exercises in front of the glass: Tra-la-la, tra-la-la, as he stretched up as high as he could go, and then Tra-la-la, tra-la—oh, help!—la, as he tried to reach his toes. After breakfast he had said it over and over to himself until he had learnt it off by heart, and now he was humming it right through, properly. It went like this:
Tra-la-la, tra-la-la,
Tra-la-la, tra-la-la,
Rum-tum-tiddle-um-tum.
Tiddle-iddle, tiddle-iddle,
Tiddle-iddle, tiddle-iddle,
Rum-tum-tum-tiddle-um.

Well, he was humming this hum to himself, and walking along gaily, wondering what everybody else was doing, and what it felt like, being somebody else, when suddenly he came to a sandy bank, and in the bank was a large hole.
« Aha! » said Pooh. (Rum-tum-tiddle-um-tum.) « If I know anything about anything, that hole means Rabbit, » he said, « and Rabbit means Company, » he said, « and Company means Food and Listening-to Me-Humming and such like. Rum-tum-tum-tiddle-um. »
So he bent down, put his head into the hole, and called out:
« Is anybody at home? »
There was a sudden scuffling noise from inside the hole, and then silence.
« What I said was, ‘Is anybody at home?' » called out Pooh very loudly.
« No! » said a voice; and then added, « You needn’t shout so loud. I heard you quite well the first time. »
« Bother! » said Pooh, « Isn’t there anybody here at all? »
« Nobody. »
Winnie-the-Pooh took his head out of the hole, and thought for a little, and he thought to himself, « There must be somebody there, because somebody must have said ‘Nobody.' » So he put his head back in the hole, and said:
« Hallo, Rabbit, isn’t that you? »
« No, » said Rabbit, in a different sort of voice this time.
« But isn’t that Rabbit’s voice? »
« I don’t think so, » said Rabbit. « It isn’t meant to be. »
« Oh! » said Pooh.
He took his head out of the hole, and had another think, and then he put it back, and said:
« Well, could you very kindly tell me where Rabbit is? »
« He has gone to see his friend Pooh Bear, who is a great friend of his. »
« But this is Me! » said Bear, very much surprised.
« What sort of Me? »
« Pooh Bear. »
« Are you sure? » said Rabbit, still more surprised.
« Quite, quite sure, » said Pooh.
« Oh, well, then, come in. »
So Pooh pushed and pushed and pushed his way through the hole, and at last he got in.
« You were quite right, » said Rabbit, looking at him all over. « It is you. Glad to see you. »
« Who did you think it was? »
« Well, I wasn’t sure. You know how it is in the Forest. One can’t have anybody coming into one’s house. One has to be careful. What about a mouthful of something? »
Pooh always liked a little something at eleven o’clock in the morning, and he was very glad to see Rabbit getting out the plates and mugs; and when Rabbit said, « Honey or condensed milk with your bread? » he was so excited that he said, « Both, » and then, so as not to seem greedy, he added, « But don’t bother about the bread, please. » And for a long time after that he said nothing . . . until at last, humming to himself in a rather sticky voice, he got up, shook Rabbit lovingly by the paw, and said that he must be going on.
« Must you? » said Rabbit politely.
« Well, » said Pooh, « I could stay a little longer if it—if you——— » and he tried very hard to look in the direction of the larder.
« As a matter of fact, »‘ said Rabbit, « I was going out myself directly. »
« Oh, well, then, I’ll be going on. Good-bye. »
« Well, good-bye, if you’re sure you won’t have any more. »
« Is there any more? » asked Pooh quickly.
Rabbit took the covers off the dishes, and said, « No, there wasn’t. »
« I thought not, » said Pooh, nodding to himself. « Well, good-bye. I must be going on. »
So he started to climb out of the hole. He pulled with his front paws, and pushed with his back paws, and in a little while his nose was out in the open again . . . and then his ears . . . and then his front paws . . . and then his shoulders . . . and then———
« Oh, help! » said Pooh. « I’d better go back. »
« Oh, bother! » said Pooh. « I shall have to go on. »
« I can’t do either! » said Pooh. « Oh, help and bother! »
Now by this time Rabbit wanted to go for a walk too, and finding the front door full, he went out by the back door, and came round to Pooh, and looked at him.
« Hallo, are you stuck? » he asked.
« N-no, » said Pooh carelessly. « Just resting and thinking and humming to myself. »
« Here, give us a paw. »
Pooh Bear stretched out a paw, and Rabbit pulled and pulled and pulled. . . .
« Ow! » cried Pooh. « You’re hurting! »
« The fact is, » said Rabbit, « you’re stuck. »
« It all comes, » said Pooh crossly, « of not having front doors big enough. »
« It all comes, » said Rabbit sternly, « of eating too much. I thought at the time, » said Rabbit, « only I didn’t like to say anything, » said Rabbit, « that one of us was eating too much, » said Rabbit, « and I knew it wasn’t me, » he said. « Well, well, I shall go and fetch Christopher Robin. »
Christopher Robin lived at the other end of the Forest, and when he came back with Rabbit, and saw the front half of Pooh, he said, « Silly old Bear, » in such a loving voice that everybody felt quite hopeful again.
« I was just beginning to think, » said Bear, sniffing slightly, « that Rabbit might never be able to use his front door again. And I should hate that, » he said.
« So should I, » said Rabbit.
« Use his front door again? » said Christopher Robin. « Of course he’ll use his front door again. »
« Good, » said Rabbit.
« If we can’t pull you out, Pooh, we might push you back. »
Rabbit scratched his whiskers thoughtfully, and pointed out that, when once Pooh was pushed back, he was back, and of course nobody was more glad to see Pooh than he was, still there it was, some lived in trees and some lived underground, and———
« You mean I’d never get out? » said Pooh.
« I mean, » said Rabbit, « that having got so far, it seems a pity to waste it. »
Christopher Robin nodded.
« Then there’s only one thing to be done, » he said. « We shall have to wait for you to get thin again. »
« How long does getting thin take? » asked Pooh anxiously.
« About a week, I should think. »
« But I can’t stay here for a week!« 
« You can stay here all right, silly old Bear. It’s getting you out which is so difficult. »
« We’ll read to you, » said Rabbit cheerfully. « And I hope it won’t snow, » he added. « And I say, old fellow, you’re taking up a good deal of room in my house—do you mind if I use your back legs as a towel-horse? Because, I mean, there they are—doing nothing—and it would be very convenient just to hang the towels on them. »
« A week! » said Pooh gloomily. « What about meals?« 
« I’m afraid no meals, » said Christopher Robin, « because of getting thin quicker. But we will read to you. »
Bear began to sigh, and then found he couldn’t because he was so tightly stuck; and a tear rolled down his eye, as he said:
« Then would you read a Sustaining Book, such as would help and comfort a Wedged Bear in Great Tightness? »
So for a week Christopher Robin read that sort of book at the North end of Pooh,
and Rabbit
hung his washing on the South end . . . and in between Bear felt himself getting slenderer and slenderer. And at the end of the week Christopher Robin said, « Now!« 
So he took hold of Pooh’s front paws and Rabbit took hold of Christopher Robin, and all Rabbit’s friends and relations took hold of Rabbit, and they all pulled together. . . .
And for a long time Pooh only said « Ow! » . . .
And « Oh! » . . .
And then, all of a sudden, he said « Pop! » just as if a cork were coming out of a bottle.
And Christopher Robin and Rabbit and all Rabbit’s friends and relations went head-over-heels backwards . . . and on the top of them came Winnie-the-Pooh—free!
So, with a nod of thanks to his friends, he went on with his walk through the forest, humming proudly to himself. But, Christopher Robin looked after him lovingly, and said to himself, « Silly old Bear! »