Préambule : l’Italie préfasciste
Par A. Baux
Le terme « fascisme » fait partie de la longue liste des mots les plus galvaudés de la langue française. L’insulte « facho » a été utilisée à tellement de reprises que l’expression a lentement perdu tout son sens. Pourtant, sa réalité historique est claire : le fascisme est une expérience politique autoritaire, née en Italie en 1922 et se poursuivant jusqu’en 1945. Celui-ci a pu servir d’exemple à d’autres régimes (cf Hitler ou Franco) mais l’origine du terme est claire : le « fascio » – faisceau en français – des milices de Mussolini a donné le mot « fascimo ».
Pendant ce 1erchapitre consacré au fascisme, nous allons tenter de comprendre l’apparition du fascisme en Europe en remontant le temps jusqu’à la première guerre mondiale, matrice de mille maux. À la lecture du très instructif Atlas de la 1ère guerre mondiale de C. CLAVEL, le rôle de l’Italie pendant le conflit m’a largement intrigué. Neutres en 1914, les Italiens ne s’engagent avec l’Entente qu’avec des regards appuyés vers les « Terres irrédentes » qu’ils convoitent. Leur présence dans le camp des vainqueurs à la fin du conflit apparaît donc quelque peu miraculeuse et pourtant : l’Italie finit dans le cercle très fermé des quatre grands vainqueurs de la guerre avec son voisin français, les Britanniques et les États-Unis.
Fait très surprenant, c’est dans un pays vainqueur que va naître le fascisme, et ce dès 1919.
Pire, celui-ci va prendre le pouvoir en 1922 avec l’aval de la royauté italienne. Souvent, on explique que l’Allemagne a sombré dans le nazisme à cause du traité de Versailles et du choc de la défaite ; cependant, cela n’arrive qu’en 1933 ! C’est donc ce paradoxe italien que nous allons tenter d’élucider, cette prise de pouvoir mystérieuse du fascisme (dans le camp des gagnants) et qui servira de modèle pour de nombreux agitateurs européens, souvent moustachus.
Trahison de la Triplice et opportunisme sans complexe
À la fin du XIXème siècle, le climat européen est à la montée des nationalismes [1], les différents pays entrent en compétition militaire, mais aussi économique : les alliances militaires vont se développer. Dès 1882, l’Italie rejoint les deux empires alliés (allemand et autrichien) formant ainsi la Triplice. Face à eux, une Triple-Entente s’est difficilement créée en 1907 pour contrer les puissances centrales : la France et son allié russe acceptent de s’allier à la « Perfide Albion » : le Royaume-Uni. Lorsque le 28 juin 1914, François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche, est assassiné à Sarajevo par Gavrilo Princip, la poudrière est prête à exploser…
Pendant tout le mois de juillet 1914, le monde tremble tandis que les derniers espoirs de paix s’évanouissent un à un. Le 23 juillet 1914 sonne le glas du continent qui domine alors le monde. Accusant, à raison, la Serbie de soutenir des actions terroristes en Bosnie, l’Autriche-Hongrie rédige un ultimatum très salé à la petite Bosnie : le petit pays balkanique doit passer sous le giron autrichien où il sera envahi derechef ! Toute l’ingéniosité de la diplomatie britannique va se casser les dents sur cet ultimatum : Belgrade est bombardée dans la même journée… Le 28 juillet 1914, l’empereur Ferdinand d’Autriche déclare la guerre à son voisin serbe, espérant un appui allemand et italien.
À la suite de ce premier acte de guerre, les dominos des alliances vont tomber un à un avec une mécanique implacable. En effet, la Russie mobilise le 30 juillet en soutien de son vieil allié serbe. Dès lors, les choses s’accélèrent et l’Allemagne va tâcher de mener la danse. La mobilisation générale des provinces allemandes est déclarée le 1 août 1914 et, dans la journée, la Belgique est sommée de laisser un libre passage aux armées allemandes. Dès le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France, qui avait à peine eu le temps de mobiliser la veille. Le lendemain, les troupes allemandes menaient déjà une vaste offensive vers Paris…
Du côté français, la débâcle militaire des premiers jours sera compensée par la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l’Allemagne puis à l’Autriche-Hongrie. Les milliers puis des millions de volontaires britanniques (dont 1,5 millions venus de leurs colonies) pourront ainsi partager la souffrance des poilus pendant plus de 4 ans. Cependant, un seul domino reste debout en cette fin d’été 1914 [2] : c’est bien-sûr l’Italie. En effet, l’attaque-éclair du kayser allemand s’est faite sans avoir consulté le vieil allié italien : le gouvernement italien profite du flou diplomatique, sur fond d’impréparation militaire, et déclare sa neutralité ! L’Italie file entre les doigts de Guillaume II…
Les déboires d’une Italie enfin engagée… du côté de l’Entente !
Après un début de guerre favorable à l’armée allemande, celle-ci est miraculeusement entravée en septembre 1914 à quelques dizaines de kilomètres de Paris, sur les rives de la Marne !
Ce coup d’arrêt va faire basculer l’Europe dans une guerre des tranchées où un front figé va défigurer l’Europe jusqu’en mars 1918… Pour contrer les empires centraux, la diplomatie britannique est très active en tentant de faire basculer des pays neutres dans son escarcelle. Le premier pays à être séduit par les promesses britanniques n’est autre que l’Italie : celle-là même qui aurait dû envahir la France en août 1914 si Guillaume II ne l’avait pas snobée !
Le pacte de Londres, signé le 26 avril 1915, promet à l’Italie de substantiels gains territoriaux en échange de leur engagement militaire : ce sont les fameuses « terres irrédentes ». En effet, depuis l’unification italienne de 1861, un mouvement d’opinion très fort militait pour que tous les territoires où vivaient des Italiens en dehors des frontières du pays soient intégrés à l’Italie. On peut y lister la région du Trentin au Nord, un morceau du Piémont plus à l’est et même la côte dalmate, c’est-à-dire une longue bande de littoral allant de Trieste jusqu’en Albanie actuelle.
Ainsi, le 23 mai 1915, l’Italie déclare la guerre à la Triplice qui avait trouvé un remplaçant à Rome en s’alliant à Istanbul. C’est une armée en apparence imposante (près d’un million d’hommes) qui est désormais mobilisée aux frontières avec l’Autriche-Hongrie. Cependant, l’Italie souffre des mêmes maux que ses nouveaux alliés français et russe et entre en guerre mal préparée et manquant de canons et de mitrailleuses. De plus, son commandant en chef, Luigi Cadorna, n’a pas l’étoffe d’un grand général et va se révéler piètre stratège…
On ne peut souvent pas grand chose contre les lois simples de la géostratégie. En menant des offensives contre son voisin autrichien, l’Italie possède une sacrée épine dans le pied : le relief ! En effet, les Alpes constituent 90% de la frontière avec la plaine du côté italien et les montagnes du côté autrichien. Ainsi, l’essentiel des attaques se concentrent donc sur la plaine de l’Isonzo où les Italiens sont attendus de pied ferme… La ville de Trieste (revendiquée par l’Italie depuis des décennies) est toute proche du front mais elle ne sera jamais capturée !
Entre mai 1914 et septembre 1917, Cadorna sacrifie ses hommes par centaines de milliers dans des offensives toutes plus vaines que les autres, à l’image des offensives françaises de Nivelle sur la même période de temps. Onze offensives quasi-identiques vont se succéder entre 1915 et 1917, sans aucune amélioration tactique et vont coûter la vie à près de 582 000 soldats italiens… L’armée italienne n’avancera jamais guère plus de cinq kilomètres dans les lignes autrichiennes : un échec cuisant aux vues des pertes humaines et matérielles.
Dans tous les bataillons de l’Entente, les soldats n’ont parfois plus le moral pour combattre. Les chefs d’État-major vont souvent choisir la répression… En France, une centaine d’hommes sont fusillés pour l’exemple suite à des mutineries avec un bilan de plus 600 fusillés français pendant le conflit [3]. L’Italie, malgré une absence de près d’un an des champs de bataille, compte près de 750 soldats fusillés, soit 150 de plus et avec une armée quatre fois moins nombreuse ! Les soldats italiens suivirent donc aveuglément les ordres, même les plus absurdes, sous peine de finir au poteau…
La débâcle de 1917
Ainsi, malgré les pertes importantes, l’entrée en guerre de l’Italie contre ses anciens alliés n’a pas été le tournant décisif qu’escomptait l’Entente. Pourtant, le pire est encore à venir… Au printemps 1917, l’épuisement est général sur les rives de l’Isonzo, du côté italien mais aussi du côté autrichien. Sept divisions d’élite allemandes sont dépêchées pour mener une offensive générale contre les troupes italiennes. La veille de celle-ci, les forces mobilisées sont égales en nombre : 34 divisions italiennes contre 35 austro-hongroises, 2485 canons contre 2420.
Cependant, Cadorna n’imagine pas qu’une offensive autrichienne soit possible et la protection des lignes italiennes est bâclée avec des réserves trop éloignées du front. Pire, les Allemands ramènent de nouvelles stratégies dans les valises. Lors de la prise de Riga (septembre 1917), une nouvelle tactique a mené l’armée allemande vers une victoire rapide et totale. C’est le Feuerwalse ou « rouleau de feu » où un déluge de feu s’abat sur une partie concentrée du front ennemi, en visant selon un ordre précis les différents points vitaux ennemis : artillerie, communications, front… En parallèle, l’offensive des fantassins se fait en deux temps avec des troupes d’assaut légères soutenues par des élites lourdes.
Le 24 octobre 1917, les troupes légères allemandes et autrichiennes lancent leur assaut après un déluge de feu à la lettone. Ignorant les lois de la stratégie de l’époque, ils évitent les monts et les collines pour envahir les vallées, comme une inondation. Derrière eux, des unités plus lourdement armées lancent une seconde vague et réduisent les points de résistance surélevés. L’effroi est total chez les Italiens et le repli est général. 300 000 soldats italiens sont faits prisonniers, certains criant « Evviva Germania », accompagnés de près de 3 000 canons… Malgré sa cruauté, Cadorna ne « survivra » pas non plus à l’attaque : il est limogé et remplacé par le général Diaz.
Le bilan de la bataille est catastrophique pour l’Entente. La France a dû envoyer des renforts pour arrêter l’avancée allemande mais Venise, sauvée de justesse, est cependant à portée de tir des canons ennemis. Pire, les nouvelles tactiques allemandes laissent augurer des jours difficiles sur le front français. Les 160 kilomètres de front perdus en 11 jours symbolisent aussi la reprise progressive d’une guerre de mouvement oubliée depuis 1914…
1918 : victoire de l’entente
Ce succès allemand est très prometteur pour l’année 1918 des puissances centrales. En effet, avec l’effondrement militaire d’une Russie en plein processus révolutionnaire., l’Allemagne et l’Autriche ont la possibilité de mettre fin au découpage de leurs forces entre front ouest et front est. Avec l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917 [3], les puissances centrales entrent dans une course contre la montre dont l’issue est la survie de leurs régimes impériaux…
En mars 1918, une offensive générale est lancée vers Paris où un maximum de troupes allemandes est mobilisé. Encore une fois, les armées allemandes enfoncent les lignes franco-britanniques et se rapprochent dangereusement de la capitale. Cependant, leur avancée est ralentie en avril par le pillage de l’arrière britannique capturé : les soldats allemands, affamés depuis des mois, se ruent sur les provisions et les réserves d’alcool. Cette inertie allemande va servir les intérêts de l’entente où les troupes américaines commencent enfin à arriver sur le front, en intégrant l’armée française [5].
En effet, cette dernière offensive des Allemands, à quitte ou double, est définitivement stoppée en juillet 1918. Dès lors, l’initiative va changer de camp : une série de contre-offensives de l’entente va mener la guerre à sa fin. Guidée par le généralissime Foch, « général en chef des armées alliées en France », les troupes vont petit à petit expulser les forces centrales du territoire de la patrie. La débâcle allemande est terrible et dès octobre 1918, l’Allemagne commence des pourparlers d’armistice pour éviter que son territoire se soit envahi…
À la table des vainqueurs, l’Italie est trop gourmande…
Du côté italien, les troupes de nouveau général en chef Diaz ont eu du mal à se remettre d’aplomb après leur humiliation de Caporetto : l’offensive italienne ne reprend que le 24 octobre 1918 ! À cette date, l’essentiel du travail est déjà fait et l’Italie attaque un empire austro-hongrois en déliquescence, en proie à la famine. Un armistice est ainsi vite signé entre l’Italie et l’Autriche, le 3 novembre 1918. Privée de victoires militaires pendant l’intégralité du conflit, l’Italie tente de prendre sa revanche en tentant d’occuper de nouveaux territoires de Dalmatie comme Porec ou Zadar. Trieste est occupée dès le 3 novembre, avec un jour d’avance sur les termes du traité signé…
Le 11 novembre 1918, l’Allemagne signe le dernier armistice du conflit à Rethondes (avec son célèbre wagon). Les armes peuvent donc être partout déposées (même si certains soldats meurent après la signature…) ; mais il reste encore à écrire la paix. De janvier à août 1919, une conférence de paix est organisée à Versailles. Elle doit décider du sort de l’Allemagne mais aussi de l’Europe en général : des géographes très renommés y sont consultés pour redessiner les frontières européennes comme Emmanuel de Martonne [6]. Les perdants sont exclus des débats et quatre pays en prennent le contrôle : la France bien-sûr, le Royaume-Uni, les Etats-Unis… et l’Italie.
Malgré ce statut très enviable, l’Italie ne va pas digérer le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 dans la galerie des glaces (cinq ans jour pour jour après l’attentat de Sarajevo). Si l’accusation de « diktat » par l’Allemagne peut sembler logique, il faut réfléchir à deux fois pour comprendre que l’Italie a inventé la notion de « victoire mutilée ». Bien que richement récompensée par son engagement, gagnant le Trentin et l’Istrie, l’Italie doit évacuer Fiume et voit la Dalmatie lui filer entre les doigts. N’ayant pas tout obtenu, pour des raisons d’équilibre européen, les Italiens vont se sentir trahis…
Le fascisme est né du traumatisme de la 1ère GM
Tel un pays vaincu, l’Italie est en proie à une agitation sociale forte à la fin de la guerre. Des membres d’élite de l’armée italienne, les Arditi, vont participer à des actions militaires illégales dans un contexte de création de la Société des Nations (tout de suite bafouée par l’Italie donc…). C’est le héros-poète D’Annunzio qui va les guider. Ce poète italien s’était distingué pendant la guerre en scandant de vibrants discours patriotiques tout en perdant un œil au combat. Ses troupes rebelles attaquent Fiume, le 12 septembre 1919, au nom de l’Italie et y installe une dictature. Rappelons que la ville avait été refusée à l’Italie par le traité de Versailles et que beaucoup d’Italiens ont l’impression que le traité de Rome sur les « terres irrédentes » n’a pas été respecté par l’Entente.
L’occupation militaire de Fiume ne sera qu’éphémère, l’armée italienne ayant fait pression sur les Arditi ou Repparti d’assalto en italien (unités d’assaut). Cette prise manquée va préfigurer une période trouble de l’Italie, où les troupes d’élite vont avoir un rôle central. En effet, les Faisceaux de combat de Mussolini, créés en mars 1919, vont s’inspirer des troupes de D’Annunzio allant jusqu’à copier la couleur noire de leurs uniformes : les tristement célèbres « chemises noires » venaient d’être créées. L’esprit même des revendications des Arditi va être récupéré par Mussolini : un populisme bicéphale, entre revendications sociales fortes et dictature nationaliste.
Ainsi donc, le fascisme est né dans un pays qui a gagné la guerre ! En octobre 1922, Mussolini marche sur Rome (imitant César) et le roi Victor-Emmanuel accepte de lui confier le gouvernement de l’Italie. Dès lors, l’Italie sera fasciste, soit une dictature militaire jusqu’au débarquement américain de 1943. Mussolini a ainsi inspiré directement l’agitateur allemand Hitler, artiste raté dont la vie a retrouvé un sens avec la discipline militaire de 14-18. Sans oublier le rôle des deux régimes fascistes lors de la guerre d’Espagne, favorisant à coups de Guernica, la victoire du franquisme fasciste face aux armées républicaines affaiblies par les dissensions.
Le sort de Fiume en 1919 a-t-il donc conditionné la montée des totalitarismes et la longue descente jusqu’aux enfers de la 2nde guerre mondiale ?
Notes :
[1] En France, le nationalisme a été exacerbé par la douloureuse défaite de 1871 (perte de l’Alsace-Lorraine) où le traumatisme du siège de Paris est très fort. De longs mois de siège ont posé de gros problèmes d’approvisionnement et l’on a été forcé de faire avec les moyens du bord. Les restaurants les plus chics ont par exemple proposé des animaux exotiques (girafe, tigre, ours…) vendus par le Zoo de Vincennes. Pour les plus modestes, les chats et les pigeons ont été des proies privilégiées. Ainsi, l’école de IIIème République apprenait aux jeunes élèves que les territoires perdus à l’est devaient être récupérés à tout prix.
[2] De nombreux pays européens vont aussi rester neutres au déclenchement de la guerre mais aucun n’était lié à un belligérant par un traité de défense. Parmi ses neutres, notons la championne suisse, l’Espagne ou les Pays-Bas. Les hollandais profiteront de leur neutralité pour s’enrichir de manière importante en étant le seul pays à commercer avec l’Allemagne sous blocus.
[3] Le nombre de fusillés auraient dû être beaucoup plus important dans les troupes françaises. En effet, 554 hommes sont condamnés à mort pour la simple année 1917. Cependant, le président de République, Raymond Poincaré, use de son droit de grâce de manière très importante : seuls 49 malheureux passèrent l’arme à gauche.
[4] Lorsque les pays européens se ruent les uns sur les autres en août 1914, les États-Unis ont conservé une neutralité militaire fidèle à leur idéologie fondatrice : la doctrine MONROE. Les affaires européennes ne concernent pas le « Nouveau Monde ». Cependant, les Américains vont intensivement fournir du matériel aux pays de l’entente (après la guerre, l’Europe est devenue débitrice d’États-Unis très renforcés). Lorsque la guerre sous-marine à outrance est lancée en 1915 par les Allemands pour vaincre le blocus britannique, des centaines de milliers de tonnes de marchandises sont coulées par les sous-marins allemands. Cette tactique va forcer Wilson à déclarer la guerre aux puissances centrales.
[5] L’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917 va mettre un temps certain à soulager le front ouest. En effet, il n’existe qu’une seule division d’infanterie américaine, la « Big Red One » au moment de la déclaration de guerre (soit 20 000 hommes environ). Il a fallu une année entière pour les troupes américaines commencent à s’engager sur le front ouest. À noter que la plupart des divisions américaines se forment et s’entraînent pendant le conflit. De plus, la majorité des troupes américaines sont armées par l’industrie française (cocorico) et intègrent des troupes françaises sous commandement français. La 1èrearmée américaine date du 10 août 1918, soit trois mois avant l’armistice… lorsque Foch est généralissime de l’ensemble des forces de l’Entente.
[6] Les experts du traité de Versailles ont tenté d’appliquer la règle d’un peuple pour un territoire. Malheureusement, leur travail a été perturbé par des intérêts extérieurs : ceux des gouvernements vainqueurs. L’Autriche, par exemple, s’est retrouvé totalement dépecée, privée de la Hongrie, la Tchécoslovaquie ou la Bosnie. De nombreux Autrichiens demandèrent le rattachement à l’Allemagne pour ne pas couler économiquement. Culturellement, le rattachement se justifiait mais il fut refusé pour ne pas favoriser la puissance de l’Allemagne.