Alternate Histories (Histoires alternatives) – Love, Death and Robots
Je renvoie à l’article de présentation pour évoquer les conditions de la conception de la série Netflix : Love, Death and Robots, et ses courts métrages.
Hitler doit mourir
Alternate Histories (Histoires alternatives) est d’abord une nouvelle de l’auteur de science-fiction John Scalzi, adaptée pour la série par le scénariste Philip Gelatt (qui avait également travaillé sur Three Robots).
La réalisation du court métrage est due au travail d’Alfredo Torres et Victor Maldonado, qui ont également réalisé La Revanche du yaourt. Quant à l’animation, elle provient des Danois de Sun Creature Studio, dont c’est la seule production pour la série.
La nouvelle Alternate Histories
Le lecteur anglophone aura l’opportunité de lire la nouvelle Alternate Histories (Histoires alternatives), publiée en ligne en 2007, sur le site de Subterranean Press en suivant ce lien. Elle a été nominée la même année pour le prix Sidewise qui récompense des uchronies, mais ne l’a pas emporté.
La nouvelle se présente sous la forme d’un courrier promotionnel de la Multiversity™, leader dans le domaine de la recherche en Histoire alternative. La firme adresse à un client anonyme huit résumés d’histoires alternatives, dont le point de départ est la mort d’Adolf Hitler à Vienne en 1908.
On pourra par ailleurs écouter l’auteur lire la nouvelle en anglais américain sur youtube.
Le court métrage Alternate Histories (Histoires alternatives)
Alternate Histories montre, pendant sept minutes, différentes versions de la mort d’Hitler et ses conséquences, dans la logique de l’effet papillon.
L’animation, toute en rondeur et disproportions, aux couleurs vives, évoque une parodie de dessin animé pour enfants. La narration y est de nouveau assumée par une voix off (Rebecca Riedy), censée présenter à un utilisateur invisible le fonctionnement de l’application « Multiversity » (ce que ne précisait pas la nouvelle de John Scalzi).
Le court-métrage ne garde que six versions parmi les huit proposées par John Scalzi dans sa nouvelle. Les morts sont essentiellement ridicules, mais pas toujours irréalistes, et les conséquences de plus en plus délirantes, depuis un décalage chronologique de la première guerre mondiale jusqu’à l’émergence d’une civilisation de calamars.
Les deux morts qui n’ont pas été retenues impliquait qu’Hitler soit tué par un opiomane ou par un homosexuel jaloux convaincu que son amant le trompait avec Hitler. Autre différence, la nouvelle concluait chaque mort possible par sa conséquence sur l’identité du premier homme, femme… à poser le pied sur la lune.
Cette source récurrente de blague est préservée, dans l’ensemble, mais le court-métrage change l’ordre des morts et propose une dernière histoire alternative où Hitler, voyageur temporel, vient au secours de sa version jeune… ce qui aboutit à une nouvelle catastrophe et un écran bleu d’erreur. Le ton est donc résolument burlesque et repose sur le plaisir indémodable de tuer Hitler tout en le rendant grotesque.
Toutefois, au-delà de l’aspect comique, la nouvelle de John Scalzi comme son adaptation insiste sur le caractère irrémédiable de certains désastres puisque la mort d’Hitler n’empêche pas la Première Guerre mondiale, par exemple.
Et le spectateur taquin de rêver à des morts alternatives d’un Mussolini, d’un Richard II, et à d’autres uchronies…